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Portrait de famille avec Sandy Maendly et Richard Feuz du Servette FC Chênois Féminin: avoir un impact sur la communauté en s’engageant à élargir l’accès au football féminin

Il y a quatre ans on filmait nous-mêmes nos matchs pour les diffuser sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, la RTS diffuse tous nos matchs à l’international et en streaming

Richard Feuz

Quand j’ai commencé, il n’y avait pas de plan de carrière, comme les clubs peuvent en proposer aux jeunes filles aujourd’hui.

Sandy Maendly

C’est au Stade de la Praille que nous avons le plaisir de rejoindre ce mois-ci, Sandy Maendly, joueuse au Servette et Richard Feuz, Directeur sportif et administratif du Club pour notre portrait du mois de novembre !

Avec eux, nous avons discuté de l’importance du collectif pour chercher une victoire, mais aussi plus largement du football féminin en Europe.

Ces dix dernières années, de nombreuses actions ont été entreprises par le Club pour encourager les jeunes sportives de la région à pratiquer ce sport en haut niveau. Qu’il s’agisse de former la relève ou de proposer aux écoles des rendez-vous réguliers, l’académie du Servette fait naître chaque jour des vocations. Dernièrement, 5'000 élèves ont été invités lors de la rencontre Servette-Chelsea de la Women Champions League.

Leur manière chaleureuse de concevoir le succès qui, pour eux, se savoure pleinement quand il est partagé avec de nombreux supporters dans les gradins, nous parle.

Voir GRAND pour le club du Servette féminin : en traçant cette perspective, Sandy et Richard se sont donné pour mission de participer à porter toujours plus haut le rêve sportif de toute une communauté. Affaire à suivre.

Un échange riche sur lequel on se réjouit d’avoir vos retours !

🎙️ Bonjour Sandy et Richard !

Pouvez-vous nous parler du Genève Servette et du lien que vous entretenez avec le club ?

Sandy : J’ai rejoint il y a quatre ans ce club, quand l’équipe était encore en ligue B avant de passer en ligue A la même année. J’ai tout de suite adhéré à l’idée de créer une section féminine à Chênois où j'ai moi-même fait mes débuts. C’était pour moi un peu comme un retour à la maison !

Richard : Sandy a d’ailleurs été la première à être recruté par le club et a clairement fait partie de la dynamique pour amener l’équipe en première division. En 2018-19, lors de cette première année en ligue A, l’équipe arrive 4e. À la saison suivante, on est en tête du championnat, la saison s’arrête à cause du Covid, le titre n’est alors pas attribué, mais l’équipe est quand même qualifiée pour la champions League. En 2020, l’équipe remporte le titre de Championnes suisses avec à la clé une qualification pour participer à la coupe d’Europe de cette année.

De mon côté, après avoir fait un stage en 2016 au Servette FC et 6 mois à l’UEFA, je suis revenu au club en 2018 en tant que chef de projet pour finaliser le projet « féminin » et reprends le poste de directeur sportif. Depuis mai 2020, j’occupe également la fonction de directeur administratif chez les garçons.

Comment envisagez-vous la Champions League ?

(Cet interview s’est déroulé mi-septembre, avant le début de la saison et le début des qualifications en Champions League)

Sandy : De voir beaucoup de monde au stade ! Ça peut faire la différence, surtout après une année particulière durant laquelle les gradins étaient vides à cause des mesures sanitaires liées au Covid. Je pense au match qu’on avait joué contre Glasgow, on avait eu un record d’affluence avec plus de 2’400 personnes c’était génial.

Sur le plan sportif, on va jouer notre chance, il y a forcément une différence de niveaux entre elles et nous. Les équipes sont professionnelles à 100% et leurs joueuses sont internationales avec de grandes qualités et de l’expérience, ce n’est pas comparable.

Au niveau de la préparation et de l’intensité il y aura une classe de différence, mais on l’a vu avec les garçons, lors des matchs de la League des champions, rien n’est impossible.

Votre meilleur souvenir sportif ?

Richard : Il y en a deux, un au féminin et un au masculin : je pense que le titre pour les filles de la saison dernière a deux saveurs : On connaît les sacrifices que font les joueuses pour évoluer dans un club qui n’est pas professionnel. Car la réalité c’est qu’elles s’entraînent autant que les garçons, mais qu’en plus, à côté, elles travaillent ou elles étudient.

La situation actuelle n’est plus la même qu’il y a cinq ans, on progresse, mais il y a encore beaucoup à faire et on n’est de loin pas arrivé où l’on veut aller. Il est d’autant plus important pour nous car il y a eu forcément une grande frustration lorsque le championnat a été annulé. Ce sentiment d’injustice aurait pu nous desservir, mais les filles ont réussi malgré tout à transformer en force l’année suivante.

Avec les garçons c’était quand on est monté en ligue A contre Lausanne!

Sandy : Il y a d’abord la montée en ligue A, c’était un rêve qu’on avait toutes, en plus sous le maillot grenat c’était un moment très fort, car c’était le stade de mes débuts et le titre de l’année passée (de Champions League).

Pourquoi le football féminin est-il encore si peu reconnu et médiatisé ?

Richard : On ne peut pas comparer le football féminin au football masculin comme on ne peut pas comparer le rugby ou le hockey avec le football. Ce sont des sports différents. Notamment parce que la pratique masculine est née beaucoup plus tôt.

La question à se poser c’est plutôt : où en était le foot féminin il y a 30 ans et où en est-il aujourd’hui ? En termes de croissance, le foot féminin a très rapidement évolué ces dernières années. Il y a dix ans, pas une télévision ne le diffusait. Il y a quatre ans, on filmait encore nos matchs nous-mêmes pour les diffuser sur les réseaux sociaux ! Aujourd’hui, la télévision nationale diffuse tous les matchs en streaming, ce qui nous donne de la visibilité à l’international. La ligue a aussi fourni d’importants efforts et a trouvé un partenaire de la ligue, Axa.

La reconnaissance de l’équipe est un cheval de bataille pour nos équipes et notre président : on travaille d’ailleurs tout autant autour d’un match disputé par les garçons que par les filles. Il n’empêche que les moyens dépendent bien entendu de l’affluence et de l’attrait du public. À nous, en matière de communication, de faire le maximum pour que les gens s’y intéressent.

Sandy : On ne doit pas oublier d’où l’on vient et je pense que de gros efforts ont été faits ces dernières années. Le succès que l’on pourrait avoir avec le Servette ou avec l’équipe nationale ne peut qu’amener les médias à s’intéresser de plus en plus à notre jeu et plus largement au jeu des équipes féminines. À chaque victoire ça nous donne un coup de pouce pour être diffusés, ça vient gentiment.

Vous avez un rêve dans le football féminin ?

Sandy : Quand j’ai commencé le foot, je n’avais pas cette notion de rêve parce que les équipes féminines dans les grands clubs masculins sont venues tout récemment, il y a seulement 5-6 ans. C’était encore trop peu médiatisé, pour avoir cette référence, ce point de repère. Peut-être pour une joueuse qui commence aujourd’hui ça sera le Real Madrid, qui a une équipe féminine, mais pour ma part, à 33 ans c’est l’envie de faire encore de belles choses avec le Servette qui m’anime.

Plus qu’un symbole qui m’aurait guidé, c’est surtout l'engagement dans mes choix et l’envie d’aller chercher mes limites qui m’a amenée de plus en plus loin et ma carrière s’est construite de cette manière-là.

Un chiffre qui cartonne ?

Sandy : Le 8, mon numéro fétiche et celui que je joue au casino ! (rires)

Richard : Le numéro 1 ! ça va paraître peut-être audacieux mais si l’on se lève le matin c’est pour être meilleur que le jour d’avant. Le meilleur sur le terrain et dans toutes les activités qu’on fait avec toujours en tête les trois valeurs qui nous lient avec Berney : l’humilité, l’exigence et le travail. En cassant cette dynamique, on prendrait le risque de décevoir tout le monde. Car comme vous le savez, tout se joue dans les détails.

On dit toujours entre nous, pour rire, qu’il manque une pointure à un ou une joueuse pour marquer mais en réalité dans 99% des cas ça ne se joue pas sur le terrain mais dans la manière d’être accueilli au vestiaire, par les ressources humaines etc.

À quoi ressemble la fiduciaire de demain ?

Richard : C’est la période pendant laquelle on se voit souvent avec vos collègues (rires). Ce qui est important pour nous c’est avant tout de partager les mêmes valeurs, d’être porté par les mêmes convictions comme l’égalité des chances et de partager la même envie d’amener des nouvelles choses. C’est aussi d’être dans le digital, d’avoir des équipes dynamiques et de continuer à se remettre en question. Sur cette base on a toutes les chances de rester leader.

Votre ambition pour l’équipe?

Sandy : De bien terminer la saison avec le Servette et de se requalifier en ligue des champions pour peut-être confirmer le titre de cette année et participer à l’Euro l’année prochaine.

Richard : On dit toujours que c’est compliqué d’arriver en haut, en haut elles sont arrivées, maintenant la difficulté c’est d’y rester ! On n’est plus l’équipe surprise… même au niveau européen les équipes savent comment on joue maintenant.

Un des grands chantiers, c’est l’académie pour le club féminin et masculin : le poumon et la raison de la structure et notre ambition va être de continuer de développer la structure pour qu’à terme on puisse avoir des joueuses étrangères mais aussi suisses. On a une région riche en diversité qui nous permet d’avoir des profils différents de joueurs et de joueuses. Les matchs nous permettent aussi de créer des vocations. Lors de la semaine grenat, on reçoit quatre classes par jour et l’on voit d’ailleurs de plus en plus de filles avec le maillot du Servette. Aujourd’hui on doit refuser des filles qui veulent rentrer chez les juniors. Ce qui est très bien, car cela, ça nous amène à créer des partenariats entre les clubs genevois.


📌 Nos interviews "Portrait de famille"

Telle une famille qui évolue sans contours, Berney Associés puise son énergie dans ses rencontres. Dans son écosystème, ses membres - nos partenaires, amis et ambassadeurs - ont en commun un optimisme contagieux et une énergie entrepreneuriale qui vous élance vers la concrétisation de projets utiles, plaisants, stimulants : des échappées que nous pensons nécessaires.

Portrait de famille est une série d’interviews sur ces personnes qui, bien souvent, lors de notre première rencontre, nous ont été familières.